Avons-nous perdu le sens du réconfortement?


Après plusieurs semaines d’absence « blogueuse », j’ai à coeur d’écrire spontanément sur une observation faite au milieu du monde chrétien. Il se pourrait qu’à cause des défis de la vie, nous perdions de notre identité, nos bonnes habitudes et ce en divorcant (quoique passivement) de certaines valeurs.

Tout-à-l’heure en rentrant d’une réunion, un frère (allemand) avec qui je faisais chemin partageait avec moi une scène qui l’a fasciné dans le livre de Job.

Pendant 7 jours et 7 nuits, ils restèrent assis par terre à côté de lui, sans lui dire un mot, car ils voyaient à quel point sa douleur était grande. Job 2:13

Il attira mon attention sur l’attitude que les amis de Job ont eu face au malheur qui l’avait frappé. De véritables frères (qu’on reconnaît au jour de l’adversité)! Ce partage venant du frère m’a marqué parce que c’est dans un premier temps contrastant vu sa culture d’origine où l’individu est roi, et dans un deuxième temps parce que cette scène me rappelle les habitudes africaines de célébrer les deuils ou de montrer sa compassion à une victime.

Ce que je trouve donc désolant, c’est que les chrétiens d’origine africaine vivant dans la société occidentale se seraient laissés phagocyter par le système, le zeitgeist ou les soucis de la vie tout en délaissant le principe du reconfortement; alors qu’ils ont une double raison (africain et chrétien) de le vivre comme une valeur intrinsèque, propre à sa nature.

On peut très bien lister dans notre petite « christosphère » combien de nos semblables ont été frappés par l’épreuve, la maladie et la mort ces derniers temps. Les occasions manquent-elles pour exprimer le réconfortement, la compassion et l’amour? Certainement pas. Pour bien me faire comprendre, je n’affirme pas que toi, lecteur, n’exprime pas la compassion à celui qui est en détresse,  mais j’explique juste que tu le ferais mal, du moins tu pourrais faire mieux, ca dépend fort bien de ta situation…En effet à quoi sert-il de dire « Dieu te bénisse » à un affamé, quand tu peux partager ton pain avec lui? Les amis de Job auraient bien pu lui faire parvenir un message pour lui témoigner leur soutien – ce que nous faisons par mail ou par téléphone – mais habilement ont-ils préféré passer 7 jours et 7 nuits avec le malheureux sans parler mais étant bien présents. Question de voir et de partager en « live » son fardeau, sa douleur. Un acte de présence qui va au-délà des mots, car il agit spirituellement et émotionnellement comme si l’épreuve était soudaine moins douloureuse. Un acte de présence qui fait figure d’anesthésiant. Voilà comment on réconforte. Une manière qui est en fait une base de la communion fraternelle, un élémentaire de l’amour agapé, mais qu’il faudrait ô combien rappeller.

J’ai bien idée de l’observation lourde que je porte, parce qu’elle pèse d’abord sur ma conscience. Surtout en ce moment où une soeur particulièrement bien-aimée traverse actuellement la vallée de la mort sans que je ne puisse lui tenir compagnie. Mais durant ces dernières semaines, j’ai pu laisser dérrière moi académie, boulot et famille, pour rendre visite aux frères et passer simplement du temps avec ceux qui sont (ou qui étaient) dans des situations qu’on ne se souhaite mais vraiment pas. Et par cette expérience, j’ai beaucoup amassé comme bénédictions mais aussi reconforté par le simple fait de ma présence ces amis qui ont su apprécier l’éffort et le sacrifice. Et franchement, dérrière ce type d’actions, il y a une récompense insoupconnée de la part de Dieu. Le point est donc le suivant: autant que faire se peut, n’hésite pas à sacrifier de ton temps, pour visiter et réconforter par ta présence ceux dont tu as conscience que ca leur fera énormement plaisir. N’hésite pas, autant que faire se peut, à prendre des risques et à sacrifier ta vie pour tes amis et tes frères. Et Jésus, qui n’est pas un homme, est fidèle pour ne pas laisser un tel bienfait passer inapercu. De toute facon, nous n’ignorons pas que l’excuse du manque de temps ne tiendra pas debout au Jour du jugement. Seuls les actes compteront.

Bien-aimé(e), ne laisse donc pas ce monde contemporain nuire à ton identité et réduire à néant ces vertus. Devant ce flot de sollicitations quotidiennes, je prie que tu gardes/aies un coeur de chair, d’où pourra dégager cette chaleur dite humaine qui conforte et ré-conforte le malheureux et l’indigent. Certes, ca demande un prix, mais ne trouveras-tu pas la monnaie nécessaire en ce Jésus qui fait de chair s’est livré pour toi à la croix? Certainement! Alors, ne te contente plus seulement d’appeler pour encourager ces frères qui sont dans le bésoin, mais déplace-toi et permet-leur d’être dans ta présence bénissante et réconfortante. C’est bien cela, je crois, le sens du réconfortement.

2 réflexions sur “Avons-nous perdu le sens du réconfortement?

  1. Landry dit :

    Etre là, être présent, même sans rien dire. Merci Bro, de nous rappeller ces simples choses. Le systeme de valeurs du Royaume est tout autre. Ce qui est si essentiel là-bas ne l’est pas forcement ici (bas).

  2. michelle dit :

    amen, stephane. je suis tres benie et interpelee. Que Le Sgr me fasse Grace dans ce sens, ainsi qu´aux autres Bien-aimes.

    Stay blessed..

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